EITB

Portrait : Alougbine Dine, un maître absolu de la scène

Il est le théâtre et l’incarne au quotidien. Alougbine Dine reste un maître incontestable dans le genre dramatique au Bénin.

Par Josué F. MEHOUENOU, 5 novembre 2020

Si le comédien béninois Kocou Gbênakpon Yémandjè n’est pas devenu le « Akowé », entendez cadre dont rêvaient ses géniteurs, c’est bien la faute à Alougbine Dine. Interprétant majestueusement «Le songe d’une nuit d’été de Shakespeare», il a définitivement convaincu l’adolescent d’alors que son projet de devenir comédien était une noble ambition. Des émules comme Kocou, Alougbine Dine en fabrique un peu partout sur le continent africain depuis bientôt 50 ans.

Un petit corps derrière une voix modulée. Un petit visage ferme et une barbichette sel toujours bien taillée. La démarche assurée. Pas besoin de côtoyer trop longtemps Aladji comme on l’appelle, pour remarquer ses traits physiques. C’est la vie sur scène du metteur en scène le plus en vue du Bénin, qui témoigne pour lui. Dine, c’est un comédien de talent qui étonne, un scénographe fécond qui innove, un directeur d’acteur, un metteur en scène dont le parcours est l’un des plus significatifs de l’activité théâtrale en Afrique ces trente dernières années.

Dans l’univers du théâtre béninois, Alougbine Dine n’a pas d’égal. Jusqu’à ce jour, il tient le record de spectacle le plus joué au Bénin. Mais ce n’est pas que cela qui fait de lui un grand. Aladji est aussi un homme qui a cumulé au fil des années les expériences les plus fabuleuses. Un succès qu’il doit à son talent et à ses qualités personnelles. Le Bénin n’a pas été son unique terrain de jeu. Rêveur et surtout voyageur, il a écumé les plus grandes scènes du continent. Nomade bon teint, ce Porto-Novien, né de père yoruba et de mère Goun est aussi un jeteur de pont. « Il mêle en effet des nationalités, des régions, des ethnies, des langues, des musiques, des instruments, des âges, des auteurs, autant de différences croisées et échangées », témoigne-t-on à son sujet. Alougbine Dine a vécu 13 ans en Afrique centrale et a travaillé dans toutes les régions d’Afrique. Il a sillonné presque toutes les scènes du continent ainsi que bon nombre de festivals de théâtre en Europe et principalement le festival d’Avignon.

Enorme et grand !
Interrogez les plus jeunes acteurs du théâtre du Bénin, ils vous diront comment l’œuvre, le parcours et les enseignements reçus de l’homme de Zogbo ont façonné leur art et leur être sur scène. « Il est énorme et grand», note Didier Nassègandé.

Artiste polyvalent, homme souriant, discret, charmeur sur les bords, Alougbine Dine est un créateur d’un autre genre qui ne tarit jamais d’inspiration. Le Burkinabè Emmanuel Sama dit qu’il s’est forgé une solide expérience, nourrie d’une approche diversifiée de la création théâtrale et qu’il « mûrit son talent sur les pieds, comme les meilleurs fruits ». L’homme a déjà joué plus de cent rôles au théâtre et dans des registres très variés. Il a signé des multitudes de costumes et de décors. Il a mis en scène plus d’une soixantaine de textes d’auteurs.

L’homme est connu pour ses fantasmes dans la mise en scène. Il a été souvent très attendu et à chaque fois, parvient à créer l’inattendu. La dernière édition du Festival international de théâtre du Bénin (Fitheb) a été pour lui, une fois de plus, un terrain de jeu. Plus de 2 000 acteurs étaient sur scène pour le spectacle d’ouverture. A l’occasion, il a distribué à chaque invité, selon sa perception de la traite négrière une forte dose d’émotion avec une mise en scène qui fera date dans l’histoire du théâtre. Avec lui, le talent et l’intelligence forment un parfait duo. Son travail est très inspiré et d’une qualité qui enivre.

Un tigre de la mise en scène

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L’ÉCOLE INTERNATIONALE DU THÉATRE DU BÉNIN, UN MODÈLE DE THÉATRE AUX MILLE COULEURS

Comment se déroule une journée dans une école d’art bercée par le bruit de l’océan? Une école de théâtre internationale où les étudiants vivent en internat, jouent et créent ensemble?

À travers des témoignages, des récits, des extraits théâtraux et leurs créations, nous suivons la vie quotidienne des étudiant.e.s. Avec pour fil rouge la forte philosophie du fondateur de l’école, Monsieur Dine.

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Importante Décision Du Gouvernement Pour Le Secteur Du Théâtre: L’Ecole Internationale De Théâtre Du Bénin Dit Merci À Talon

Le directeur de l’Ecole internationale de théâtre du Bénin(Eitb), Alougbine Dine et ses étudiants, anciens comme nouveaux, ont salué à l’unisson, dimanche 30 août 2020, la décision du chef de l’Etat, le président Patrice Talon, visant à maintenir le siège de l’école sur la plage de Togbin Daho malgré les travaux d’aménagement de la route des pêches.

Par le truchement d’une manifestation artistique et culturelle qui a rassemblé hommes de théâtre et sympathisants de l’art dramatique au siège de l’Ecole internationale de théâtre du Bénin, Alougbine Dine et les siens ont salué de vive voix, la noble décision du Président de la République Patrice Talon à l’endroit de l’Eitb. En effet, ce centre de formation en art dramatique trône depuis 2005 sur cette plage de Togbin Daho sur la route de Ouidah. Et il est en train d’atteler sa huitième promotion d’étudiants qui, pour le moins qu’on puisse retenir, sont des exemples typiques de vrais acteurs de théâtre sur le marché des arts et de la culture aujourd’hui au Bénin. En réalité, avec l’aménagement qui est en cours, compte tenu des objectifs fixés par le Pag en vue de redresser la route des pêches, les locaux de cette école devraient être rasés comme toutes les autres bâtisses dressées dans le champs de cette route, selon le plan prévu. Mais lorsque les travaux ont démarré, le Chef de l’Etat, par une décision salutaire, a frappé d’interdiction la démolition de l’Ecole internationale de théâtre du Bénin fondée par un particulier c’est-à-dire un privé, Alougbine Dine. Et c’est là toute l’importance et la justesse de la décision. Le chef de l’Etat dans sa vision des choses, a voulu juste faire savoir qu’un lieu d’éducation, de formation et de culture, même s’il appartient à un particulier, ne se détruit pas pour quelque ambition de développement que ce soit. Ainsi, c’est cette force de la décision qui a suscité l’effervescence de ce dimanche à L’Eitb. « Les mots me manquent pour dire ce merci au président de la République qui, ma foi, vient de prouver encore sa grandeur d’esprit et sa grande vision des choses », s’exalte à l’occasion le Professeur de Théâtre Bienvenu Koudjo (Président du conseil scientifique de l’Eitb). Pour le jeune artiste comédien Serge Zossou, moniteur à l’institut des métiers d’arts, d’archéologie et de la Culture (Inmaac/Uac), cette décision est l’une des raisons pour lesquelles le monde du théâtre, en particulier ses acteurs, peut être en droit de réclamer un deuxième quinquennat pour le chef de l’Etat. Puisque va-t-il appuyer, « on ne change pas l’équipe qui gagne ». A en croire Eric-Hector Hounkpè, celui qui a donné un, peut encore donner deux. « Si une si noble décision qui vient requinquer la sphère théâtrale a été prise, il y a de quoi qu’on puisse nourrir l’espoir que Parakou, Abomey, Bohicon, Lokossa, Porto Novo, Dassa, Savalou, Natitingou et autres villes à statut particulier, puissent accueillir une Eitb. Et avec quelqu’un qui sait évaluer les choses à leur juste valeur, on ne peut pas douter que cela puisse être possible », fait-il observer.

Teddy GANDIGBE

Ecole internationale de théâtre du Bénin (EITB): La promotion «Professeur Bienvenu Koudjo» en classe

La 5ème promotion des étudiants de l’Ecole internationale de théâtre du Bénin (EITB), sise à Togbin, dans la commune d’Abomey-Calavi, a effectué ce samedi 25 février 2017, sa rentrée officielle. C’était à l’occasion d’une manifestation solennelle en deux temps forts.

Ils sont cinq étudiants. De deux différentes nationalités. Quatre Béninois et un Nigérien. Mais tous visent le même but : se faire former à l’Ecole internationale de théâtre du Bénin (EITB), pour être plus professionnels dans les métiers d’arts. Deux temps forts ont marqué la cérémonie ayant consacré leur rentrée officielle. Le premier, c’est la communication autour du thème : «Education artistique au Bénin». Une communication présentée par le professeur Bienvenu Koudjo. Lui qui, à la fin de sa présentation, a été saisi par une surprise. Et cette surprise, c’est qu’il est retenu par les étudiants pour être le parrain de la promotion pendant les trois années qu’ils passeront dans cette école. « Je suis confus et honoré de cette charge que vous venez de me confier », a-t-il déclaré après quelques secondes d’émotion, avant de remercier le promoteur de l’EITB, Alougbine Dine pour avoir fait preuve d’audace, en créant cette école. Et face aux étudiants, il s’engage à accomplir ses obligations de parrain. « Je ferai l’effort d’être avec vous. Car, on ne peut pas abandonner ses enfants », a-t-il promis sous les ovations de l’assistance. Pour Yannick Amoussou, le porte-parole des étudiants de la 5ème promotion, le choix du professeur Bienvenu Koudjo se justifie par la qualité de ses œuvres sur l’art et la prépondérante place qu’il occupe dans le Conseil Scientifique de l’école internationale de théâtre du Bénin. « Ce dont j’ai besoin en venant à l’Eitb, c’est d’avoir les rudiments nécessaires pour peaufiner ce que je connaissais par rapport à l’art. Je veux sortir de l’EITB en étant un vrai régisseur professionnel », a souhaité Yannick Amoussou. Des propos à l’issue desquels, le second temps fort de cette rentrée inaugurale a été dévoilé. Il s’agit de la restitution de la résidence de création théâtrale tenue du 06 au 26 février à l’EITB. Une résidence de création qui a accouché de la représentation de la pièce «La Farce» de Maître Pathelin. Une adaptation de José Pliya et une mise en scène de Simone Audemars. Une représentation qui a saisi tout le public pendant une heure environ.

Donatien GBAGUIDI

L’ECOLE INTERNATIONALE DE THEATRE DU BENIN – Un cadre exceptionnel de formation d’artistes comédiens

L’École Internationale de Théâtre du Bénin (EITB) est un établissement d’enseignement supérieur. Située à Togbin, l’un des 70 villages et quartiers de ville de la commune d’Abomey-Calavi, elle forme de jeunes étudiants aux arts et techniques du théâtre. Lepetitjournal.com s’est rendu sur place pour vous faire découvrir ladite école. Une fois sur les lieux, nous avons été reçus par le fondateur et promoteur de L’EITB, Alougbine Dine, une figure emblématique du théâtre au Bénin et en Afrique.

À Togbin, dans la commune d’Abomey-Calavi les bâtiments sortent toujours plus nombreux de terre et incarnent une certaine diversité architecturale. Parmi ces bâtiments, l’un d’entre eux nous saute aux yeux de par son allure modeste et par son décor étonnant. C’est un bâtiment situé entre Cotonou et la ville historique de Ouidah sur la route des pêches. Il abrite l’Ecole Internationale de Théâtre du Bénin. En face, à l’extérieur, nous avons l’océan atlantique avec des vagues douces et un bon air marin qui attire les visiteurs. À l’intérieur du bâtiment, l’architecture et le décor représentent tout l’art théâtrale.

C’est dans ce cadre que sont formés de jeunes Béninois, Togolais, Nigériens et Burkinabé. Pendant trois ans, ces jeunes acquièrent les armes nécessaires pour s’imposer dans le monde du théâtre.

Pour dispenser ces connaissances, le Conseil Scientifique International de l’École Internationale de Théâtre du Bénin (EITB) a mis en place une licence professionnelle des arts et techniques du théâtre.

Depuis la création de l’école en 2004, trois promotions de jeunes étudiants ont déjà obtenu leurs précieux diplômes. « Ils font aujourd’hui, au Bénin et en Afrique, la fierté de l’École Internationale de Théâtre du Bénin (EITB) », a fait savoir Alougbine Dine, fondateur de ladite école.

Les techniques de formation et particularités

L’École Internationale de Théâtre du Bénin (EITB) est la seule école du genre au Bénin. Mais sur le continent d’autres pays comme le Burkina Faso ont créé des écoles similaires. Pour se démarquer, le Conseil scientifique international composé de professionnels et de pédagogues a, au-delà du cours conventionnel, fait certains choix qui forment également les étudiants à leur future vie d’artiste et plus simplement à la vie « Nous formons des comédiens au complet. Nous leur apprenons beaucoup d’autres choses qui pourront les aider à faire face aux défis du théâtre contemporain », renseigne Alougbine Dine. De façon plus concrète, les étudiants de l’EITB reçoivent également des cours en électricité, élevage, maraichage et bien d’autres. Dans le souci de donner le goût du travail en équipe aux étudiants, de créer une certaine complicité et une bonne collaboration entre eux, le conseil scientifique a fait le choix du système d’internat. L’EITB, par le biais de ses étudiants, va dans les collèges et cours primaires pour donner le goût du théâtre aux tout-petits, en créant des spectacles. À la fin de leur formation, chaque étudiant soutient un mémoire projet, qui lui permet d’avoir un bon plan de vie pour la période d’après formation.

Pour atteindre ses objectifs, l’EITB ne ménage pas les efforts. Elle fait recours à des enseignants venus de plusieurs pays du monde, comme la Hollande, la France, le Togo, le Bénin, la Suisse, etc. Le partenariat entre l’EITB et l’ENSATT, Ecole Nationale Supérieure d’Arts et Techniques du Théâtre en France permet également à l’école de donner le meilleur à ses apprenants.

Les ambitions pour l’EITB

Pour les années à venir, le conseil scientifique a de grandes ambitions pour l’école. À commencer par la politique de recrutement des étudiants. « À compter de l’année académique 2016-2017, le recrutement sera fait chaque année. Ceci permettra d’avoir, dans deux ans, tous les niveaux de formation à savoir, de la première à la troisième année », informe le fondateur de l’EITB. Alougbine Dine explique par ailleurs que « depuis la création de l’école, le conseil avait décidé qu’une promotion soit recrutée et suivie jusqu’à la fin de la formation avant le recrutement d’une autre promotion. Après l’expérience faite avec les trois premières promotions, cette stratégie sera revue. Ceci permettra de mettre également en place un Master de spécialité ». Il compte également agrandir le cadre afin de permettre aux apprenants et enseignants de travailler dans des conditions plus agréables. Le rêve est de faire l’École Internationale de Théâtre du Bénin (EITB) une référence internationale.

Propos recueillis par Childéric Sessou www.lepetitjournal.com/cotonou